Comme nous, vous l’avez tous probablement ressenti ce goût amer lorsque nous constatons les ravages de la COVID-19 au sein de notre communauté. On sent ce déchirement, cet essoufflement général. Le stress d’atteindre le point de rupture est permanent. Mais ce qui est le plus frustrant, c’est de s’apercevoir que les services que nous avons mis tant d’efforts à préserver dans notre région rurale sont en train de se fragiliser.
L’unité de médecine de notre hôpital a fermé ses portes le 7 août dernier. Nous ignorons quand elle sera en mesure d’ouvrir à nouveau et de redonner accès à ses 13 lits à notre monde.
Nos enfants doivent, contrairement à d’autres régions, composer avec les mesures sanitaires les plus strictes en raison du risque élevé d’une éclosion dans notre MRC. Le personnel scolaire fait tout ce qu’il peut pour garder le moral et pour préserver les services éducatifs offerts à nos jeunes.
Les travailleurs et travailleuses des organismes communautaires ont tout donné dans la dernière année. Et malgré leur dévouement, ils peinent à répondre aux besoins qui se sont tellement alourdis et qui ont grandement augmenté.
Nos entrepreneurs et entrepreneures composent aussi avec des stress intenses : le bal des fermetures, des réouvertures et des nouvelles règles à appliquer.
Depuis quelques semaines, nous observons pourtant qu’un mal bien plus pernicieux et contagieux que la COVID-19 s’installe parmi nous. Il attaque les fondements mêmes de notre société : notre vivre-ensemble.
Le danger d’une fracture sociale
Nous sommes tous et toutes à bout de souffle. Après 18 mois de pandémie, des centaines de personnes de notre région ont été atteintes de la maladie et des dizaines en sont mortes.
Nous voyons actuellement notre communauté se diviser sur les mesures à prendre pour sortir de la pandémie. Les opinions et les comportements se radicalisent de part et d’autre. Nos familles, nos amis et nos collègues de travail s’entre-déchirent de plus en plus sur tout ce qui touche à la vaccination.
Un peu plus de la moitié des moins de 40 ans de notre territoire a fait le choix de suivre les recommandations pour se protéger le plus efficacement possible contre la COVID-19. Nous sommes catégoriques : nous respectons les réticences de ceux et celles qui ne l’ont pas encore fait et nous accueillons avec ouverture leurs doutes et leurs interrogations.
Nous sommes aussi forcés de constater que ces décisions individuelles entraînent des conséquences collectives. Non seulement les services que nous offrons à ceux et celles qui en ont le plus besoin sont en péril, nous assistons aussi à une augmentation dramatique de la violence, de l’intimidation et à plusieurs manifestations qui vont à l’encontre du respect mutuel que nous nous portions ultérieurement. Le climat social se détériore rapidement et ceci nous préoccupe énormément.
Pendant ce temps, le variant Delta mène la quatrième vague de la COVID-19 au cœur de notre population. Les hospitalisations sont en hausse et nous craignons d’autres morts.
Pour ces raisons, nous, représentants et représentantes des milieux municipaux, communautaires et économiques, unissons nos voix pour porter un appel au respect et à l’unité.
Il est impératif que l’accueil de l’autre, la tolérance et la pensée collective priment sur nos émotions et nos ressentis. Soyons bienveillants les uns envers les autres afin de préserver ce qui compte le plus pour nous, notre communauté. Il en va de l’avenir de nos institutions et de nos entreprises, de nos lieux de rencontres, de nos voisins, de nos amis et, plus que tout, de nos enfants.
Pour eux, il est impératif que le contexte actuel vous soit rapporté et qu’il soit considéré dans les réflexions entourant notre manière d’agir collective et individuelle face à cette crise.
À l’écoute du terrain, nous verrons à offrir un accompagnement personnalisé aux entreprises et aux organisations du territoire dans l’application des mesures de protection. La vigilance est de mise puisque, comme communauté, nous n’avons pas le luxe de poursuivre dans ce climat de précarité et de clivage. Les conséquences de nos choix nous rattraperont bien assez tôt.
La région des Sources n’en est pas à sa première crise. Nous avons déjà traversé l’incertitude par le passé et pourtant, nous avons toujours su relever la tête. Nous sommes reconnus à travers le Québec pour notre combativité et notre capacité d’innovation. Ensemble, nous ne nous sommes jamais laissé abattre devant l’adversité.
Pour ceux qui travaillent fort pour la survie de vos services, pour celles qui ont déjà accepté plusieurs sacrifices personnels pour protéger la santé des autres, pour toutes les personnes qui doivent faire appliquer des règles et qui n’ont pas eu leur mot à dire, nous vous demandons agir avec la solidarité et la bienveillance qui nous rassemble et nous rendent si fiers.
Signataires :
Hugues Grimard, préfet de la MRC des Sources et maire de Val-des-Sources
Philippe Pagé, représentant du Conseil des maires de la MRC des Sources pour les actions en lien avec la COVID- 19 et maire de Saint-Camille
Thomas Deshaies, président de la Chambre de commerce et d’entrepreneuriat des Sources
Sylvie Khawaja, présidente de la Corporation de développement communautaire des Sources
Daniel Guillot, directeur de l’école l’Escale
Monia Grenier, présidente de l’UPA des Sources